IndemnitĂ© forfaitaire, droit Ă la dĂ©connexion, mode dâorganisation pour les femmes enceintes et les proches aidants… Lâaccord sur la mise en Ćuvre du tĂ©lĂ©travail dans la fonction publique, signĂ© Ă lâunanimitĂ© mardi 13 juillet, tire les enseignements de la crise sanitaire. Reste la grande inconnue de lâappropriation quâen fera chaque collectivitĂ© territoriale.
Une photo souvenir rare, Ă lâHĂŽtel de Rothelin : la ministre de la Fonction publique, entourĂ©e de tous les reprĂ©sentants des agents et brandissant un texte oĂč ont Ă©tĂ© apposĂ©es toutes leurs signatures. Elle a Ă©tĂ© prise mardi 13 juillet. On nâavait pas vu dâimage semblable depuis le dernier accord unanime, en 2013, concernant le protocole dâaccord sur lâĂ©galitĂ© professionnelle entre les femmes et les hommes.
Câest donc avec fiertĂ© quâAmĂ©lie de Montchalin a annoncĂ© la signature de lâaccord-cadre sur la mise en Ćuvre du tĂ©lĂ©travail dans la fonction publique par les employeurs territoriaux (AMF, ADF, France Urbaine et RĂ©gions de France), la FHF pour les employeurs hospitaliers, et les neuf organisations syndicales de la fonction publique â CGT, CFDT, FO, Unsa Fonction publique, FSU, Solidaires, FA-FP, CFE-CGC et CFTC.
Point dâappui pour la nĂ©gociation de proximitĂ©
Il sâagit dâune « vĂ©ritable avancĂ©e sociale » qui « permet de tirer les premiers enseignements de la crise sanitaire en matiĂšre dâorganisation du travail dans la fonction publique », sâest rĂ©jouie la ministre, dans un communiquĂ© publiĂ© Ă lâissue de la rĂ©union, mardi 13 juillet.
Lâaccord vise à « amĂ©liorer » le recours au tĂ©lĂ©travail dans la fonction publique en mettant notamment lâaccent sur le « volontariat » des agents publics, la rĂ©versibilitĂ© du choix de tĂ©lĂ©travailler ou encore lâalternance nĂ©cessaire entre travail sur site et en distanciel, avec un maximum de trois jours de tĂ©lĂ©travail par semaine pour un agent Ă temps plein. Une meilleure articulation avec les conditions de vie au travail est Ă©galement attendue.
Le texte consacre le droit Ă la dĂ©connexion, la possibilitĂ©, pour un proche aidant, avec lâaccord de lâemployeur, de tĂ©lĂ©travailler plus de trois jours par semaine, et pour une femme enceinte de le faire sans accord prĂ©alable du mĂ©decin du travail.
NĂ©gociations dâici le 31 dĂ©cembre
« Il comprend Ă©galement des dispositions en matiĂšre de formation, de management, de santĂ© au travail, dâaccompagnement professionnel de lâensemble du collectif de travail, de protection des donnĂ©es, de tiers lieux, qui concourent Ă lâĂ©tablissement dâune culture de confiance managĂ©riale dans la fonction publique », fait valoir le ministĂšre. Ce texte « servira dĂ©sormais de point dâappui Ă la nĂ©gociation de proximitĂ© en considĂ©rant le tĂ©lĂ©travail comme un mode dâorganisation parmi dâautres dans le cadre de lâaccomplissement des missions de service public ».
Tous les employeurs publics devront engager des nĂ©gociations dâici au 31 dĂ©cembre 2021 sur le tĂ©lĂ©travail dans le cadre fixĂ© par lâaccord qui constitue « le socle commun minimal pour toutes les administrations publiques ».
« Lâabri de la libre administration »
La CGT dĂ©clare avoir « bien pris acte, mĂȘme si lâaccord ne rĂ©pond pas Ă toutes [ses] revendications, des Ă©volutions importantes obtenues dans lâintĂ©rĂȘt des personnels » (en matiĂšre de santĂ© au travail, de conditions de travail et de prĂ©vention des risques professionnels, sur le maintien du collectif de travail et du lien social, …).
« Des Ă©lĂ©ments forts comme le volontariat de lâagent, la prise en compte de la rĂ©alitĂ© des missions, le coĂ»t du tĂ©lĂ©travail et le droit Ă la dĂ©connexion ont reçu des rĂ©ponses dans cet accord », retient de son cĂŽtĂ© FO. Qui prendra garde « à ce que le dĂ©veloppement du tĂ©lĂ©travail ne soit pas un prĂ©texte permettant aux employeurs publics de modifier leur politique immobiliĂšre en rĂ©duisant, par exemple, le nombre de bureaux sur sites ».
La CFDT indique quant Ă elle quâelle veillera « aÌ ce que les employeurs territoriaux â signataires de lâaccord â respectent leurs engagements, les deÌlais preÌvus et prennent les deÌlibeÌrations neÌcessaires aÌ assurer la transparence indispensable aux choix de politiques publiques ».
Pour la territoriale, la mise en Ćuvre de lâindemnisation (lire encadrĂ© « chiffres-clĂ©s) devra sâinscrire « dans le cadre du principe de libre administration des collectivitĂ©s territoriales », est-il prĂ©cisĂ© dans lâaccord. Les employeurs territoriaux devront ainsi ouvrir des discussions sur le sujet pour dĂ©cider ou non de mettre Ćuvre cette indemnitĂ©.
Le 12 juillet, la CFDT dĂ©plorait « quâune fois de plus les employeurs territoriaux sâabritent derriĂšre [ce] principe de la libre administration pour refuser toute obligation de participation financiĂšre aux frais engagĂ©s par les agents en tĂ©lĂ©travail et accentuent les diffĂ©rences de traitement entre les agents des diffĂ©rentes fonctions publiques »… Un regret exprimĂ© aussi par la FA-FP, mais Ă©galement par Solidaires. Lâaccord se « contente surtout de lister des bonnes intentions sans rĂ©elles mesures prescriptives ou contraignantes. […] DĂ©lĂ©guer Ă la nĂ©gociation locale la fourniture des matĂ©riels nĂ©cessaires au tĂ©lĂ©travail et les conditions du droit Ă la dĂ©connexion sont pour nous des risques de disparitĂ©s entre agents, alors mĂȘme quâils doivent tous prĂ©tendre aux mĂȘmes conditions de travail ».
REFERENCES
CHIFFRES CLES
Pour la fonction publique de lâĂtat et la fonction publique hospitaliĂšre, lâaccord prĂ©voit lâindemnisation forfaitaire des frais Ă hauteur de 220 euros annuels maximum.